Un artiste écologiste

Andy Goldsworthy : sculpteur de cairns, de l'air et du vent. Sculpteur d'espaces et de matières vivantes, pierres, grandes forêts, feuilles, brindilles et aubépine sauvages. Voyageur infatigable d'un bout à l'autre de la planète. Son Arche fait le tour de la Terre, comme un anneau protecteur. Architecte qui s'habille de ses propres œuvres pour lutter contre la pluie et les tourmentes, contre les regrets superflus, un brin d'aurore à la main. Eleveur de murs comme l'on élève un précieux bétail… apprivoiseur de rêves et d'espoirs retardataires. Infatigable Arpenteur du Temps qui passe et qui trépasse. ".Je le vois amener les pierres et matériaux utiles à son art, comme l'on amène la troupe aux champs, en transhumance ou à l'étable. . Bêtes blessées, des feuilles d'arbres, des pierres mal équarries, des branches inachevées moins que mortes… un cheptel à dresser, nourrir et rassembler selon l'ordre immuable de la nature et l'homme réconciliés. Sculpteur éleveur. Et qu'est-ce donc que ces teintes rouges dans les cascades ? Ces feuilles de hêtres assemblées, posées comme papiers collés ? Peintre qui manie le secret de la lumière et la magie des couleurs, peintre écologiste, qui habille la nature de ses propres oripeaux. Peintre tailleur, tailleur de pierres ou de vêture pour arbres et sols abandonnés."

Les saisons, les paysages défilent, les couleurs changent. L'homme a oublié ses rêves, ses espoirs. La glace, le givre, le verglas, les immensités gelées, les grands lacs engloutis, tout se mêle et se démêle dans les mailles du Temps. La main se promène, l'ombre caresse le sol, le réchauffe - l'empêche de fondre - le plie doucement à se consumer. Tel un souvenir savamment couvé, un souvenir de jamais et d'autrefois. Amant des paysages, les formes n'existent pas pour elle-mêmes, elles renaissent, pareilles encore au visage d'une bien-aimée, que l'on croit éternelle, tandis qu'elle s'évade irrémédiablement à l'heure sonnée. Mortelle - L'ombre apprivoisée se cogne à la lumière et reste encore quelques instants alors que le sujet n'est plus - J'aime à voir cette ombre sur le sol tandis qu'Andy a disparu, traces - Puis tout renaît, et la ronde des saisons a emporté souvenirs et oubli.



Pierres, branches, terre, glaise, eau gelée, feuilles d'arbre, il sculpte l'action du temps, la lente érosion des saisons, du soleil et des marées. "Ne sculpte-t-il pas la rotondité de la planète, son amas d'atmosphère, de vent, de bruine et qui enveloppe notre bonne vieille Terre glaise et l'écharpe dans la solitude, ne sculpte-t-il pas la révolution de l'astre autour du soleil de quelque petites aspérités amoncelées là, sur notre chemin - ou en contrebas ?"

Les formes de Goldsworthy se fondent dans le paysage auquel elles se confondent avant d'y abandonner une part de soi-même, un souvenir de trop, un remords à délaisser… et l'artiste lui-même grand faiseur de tracé… revient à son œuvre, l'étudie, y prie, la photographie. Sculpteur de notre planète, ce sont des pèlerinages, qu'il greffe sur notre terre, sous le pas de nos errances, au plus visible de notre horizon.

Comments

Prince de Dité said…
Hello!

Joli blog, et belle description.

La nature est la mère de l'homme, son berceau et son cercueil, et la modeler est lui rendre le plus précieux des hommages...
Anonymous said…
Merci pour votre beau blog, continuez !

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