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Showing posts from 2006

InLibroVeritas

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Egalement paru dans la revue Politique http://politique.eu.org/actualite/49.html

Veille

Ce matin, une amie m'appelle très tard dans l'après-midi. C'est un lapsus bien sûr : dire que l'une et l'autre avons émergé un peu tard aujourd'hui. Nous avions convenu d'aller au cinéma. Curieusement, nous avons passé l'une et l'autre la soirée d'hier seules, interminablement. Moi, sur mon lieu de travail, où j'ai d'ailleurs squatté le bureau d'un ami ... Elle me dit avoir bu, fumé, regardé des films juqu'à 5 heures du matin ... J'imagine donc aisément son état. Peut-être n'irons-nous pas au cinéma, mais juste manger. Ce matin, donc, réveils solitaires, avec peu d'obligations et le temps infini à notre disposition .... Solitudes du XXIème siècle ... Se réveiller ainsi seule m'arrive souvent quand je dois voyager à l'étranger, lorsque je ne suis pas chez moi, ou lorsque je loge à l'hôtel. Mais là c'est différent : il faut courir quelque part, se dépêcher d'aller travailler etc ...... Se retrouver do

Eldorado - le Philarmonique - le Mudam

Nuit lumineuse, éclats du silence, fragments d'espaces-temps cinétiques. Par la fenêtre de mon bureau, j'ai vue solitaire sur le Philarmonique achevé cette année, tout en marbres, picoré de givres, forme surnaturelle et douce sur ce froid plateau du Kirchberg qui héberge institutions et sociétés internationales. Méga-instrument taillé par un ogre à défaut de fée, il chante muettement une étrange sonatine qui m’attire dans l’air d’automne.  En contrebas, il y a le musée d’Art Moderne, le Mudam . « Eldorado » : titre de l’exposition en cours. Est-ce un musée ? rien n’est moins sûr. Le Mudam est une oeuvre en soi et conçu comme tel. C’est un peu une descente vers un autre monde. Il faut suivre d’abord un chemin bordé de panneaux où posent et s’exposent, en noir et blanc, une série de corps répétés, anonymes, contrastes alternés sur affiche. Quelques arbustes renforcent encore l’impression d’isolement, de détachement. On est peut-être ici au début ou à l’extrême fin du monde.

Déjeuner à Luxembourg

Architecte. Traducteur. Architecte-traducteur. Enquêtons sur son statut. Architecte avant tout, se dit-il ainsi… Architecte donc. Est-ce pour cela que son bureau n’a plus de murs, mais des vitres, tout en haut de la tour, ici devenue presqu’infinie, tout là haut. Quel étage, déjà ? L’étage du langage. L’étage où toutes les langues sont traduites. Tour magique, tour devenue extrême, au bout du monde, d’où il revient sans doute, pour savoir ainsi parler de la complexité. Un peu italien, un peu grec, à traduire donc d’abord. Avec quelle bouche, quel passé, quelle mémoire ? Traducteur mais de quelle langue ? A représenter ou pressentir quel sujet ? Architecte- traducteur, donc. Babel des documents épars. Traducteur d'espaces, architecte qui abat les murs pour creuser des passerelles entre ici et là-bas, à l’infini des textes … peut-être . Je le vois abattre les murs de son bureau pierre à pierre, comme l'on amène les oiseaux au ciel, un peu stressé, mais curieux, très curieux. Les

Absurde

En relisant quelques oeuvres de Camus par temps froid et morne (c'est l'hiver), quelques citations me frappent en plein visage, au fur et à mesure : "L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde." ( in Le Mythe de Sisyphe). "Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux." (in Caligula ). "Celui qui ne répond pas reste enfermé dans sa réponse" écrivait Maurice Blanchot. Nous restons enfermés, nous n'appelons ni ne répondons, lovés dans notre coquille vide, finalement nous ne savons que trop que les signes sont faux et ce que nous interprétons, ce que nous aimons nous concerne uniquement. Alors, à quoi bon ces quelques mots ? signes dans l'océan, cygnes flottant dans les nuages, ages de pierre et hier nu. A quoi bon ces murmures, ces sons finalement inarticulés ? Soliliques pour les absents, stèles funèbres aux fantômes et aux anges déchus. Hé ! bien ! c'est que cela comporte égalem

Spilliaert, sur la digue des fantômes

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Du 22 septembre 2006 au 3 février 2007, une exposition rétrospective se tient au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Léon Spilliaert est né à Ostende, sur la côte belge. Toute son œuvre retrace l’ambiance fantasmatique de la ville devenue imaginaire, magique, universelle. La même ville, autre, transpercée de regards intérieurs et de quasi murmures au fond de la mer immense, la mer du Nord, comme autrefois. Attentes, angoisses peut-être, le long des digues grises et des brise-lames empoisonnés d’algues, épouvantés de vents, au travers de visages infra-humains l’on retrouve encore quelques rêves, quelques débris, quelques presque cauchemars - des noms d'autrefois, d'ici ou d'ailleurs - Edvard Munch, James Ensor, Fernand Khnopff, Emile Verhaeren, Maurice Maeterlinck - Solitudes diverses, Vertiges. Alors je l'aperçois, discrète sous ses écouteurs : une collègue journaliste regarde l'exposition elle aussi. Jeune femme de talent. Petit signe de reconnaissance, d'amitié

Une Légende

Je vous ai vu Je vous ai aimé Je vous ai perdu À peine apparu Disparu Jeune homme aux cheveux longs plein de promesses et d'épines
Le ciel découvre ce corps au visage effacé Effacé de mains en prières J’en appelle au ciel Pour garder ce visage Ces mains leur douceur À l’abri des foudres du ciel Ce corps d’ombres et de lumières Probablement doux Probablement vivant J’en appelle au visage Invisible Entre ces mains Corps nu Visage Paysage Je n’ai de visage Que ce paysage O ! Ciels Secourez-les La prière De ces mains Qui effacent ce visage De toute éternité

Ana et les femmes peintes

Elle me dit : laisse-moi t'expliquer en quelques mots comment j'ai fait cette peinture. Elle appartient à une série de femmes que j'ai peintes dans un état de soumission. C'était à un moment de ma vie où je n'étais pas très bien. Certaines je les ai représentées à genoux, prostrées. Celle-ci, femme offerte, se cache le visage. A la fois, il y avait une recherche spirituelle. Le procédé utilisé est intéressant également : je n'ai pas dessiné mais effacé. Au départ la surface était brune et avec mes mains j'ai effacé, j'ai effacé, jusqu'à ce que les contours se dessinent. Emue, je demande comment s'appelle ce procédé, elle me dit qu'elle ne sait pas. C'est peut-être quelquechose qu'elle a inventé juste pour faire apparaître la présence de la femme invisible. Elle m'offre La Femme Invisible . Tina Noiret

Femmes

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J’ai ce visage Orage J’ai ces mains Pour me protéger de la nudité Non celle du corps mais du regard Et puis j’ai cette nuit pour me révéler

Un an de plus ...

Un ami m'a dit : tu dois faire ta "campagne" sur ton blog. Idée étrange, mais bon ... comme il est consultant en nouvelles technologies, je me dois bien de suivre son conseil. Est-ce que cela intéresse quelqu'un ? c'est mon anniversaire aujourd'hui .... Les premiers cheveux gris annoncent les splendeurs des neiges de la vieillesse. De la sagesse ? Et être sage, est-ce parler ou se taire ?

Les temps de la légèreté

Dans ses yeux, les rêves passent, ils trépassent. Tu les vois défiler, à reculons, tels «autrefois». Des yeux bleus, distants, et soudain ils te touchent. Equidistants, hésitants. A peine. L’effleurement d’un papillon, une aile, un mystère. Te voient-ils ou encore autre chose ? silence, silence … dans la cathédrale de son cœur immense, les cierges brûlent. "Des vapeurs d’or s’éveillent d’un jardin d’ailes ... " A Katherine Berry, écrivaine féministe, dont je suis peut-être l'un des personnages ... me dit-elle.

la Robe

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(…) car tout doit revenir, comme il est écrit aux voûtes de Saint-Marc, et comme le proclament, buvant aux urnes de marbre et de jaspe des chapiteaux byzantins, les oiseaux qui signifient à la fois la mort et la résurrection. Marcel Proust, La Prisonnière . Rouge et or, elle apparaît enfin dans sa robe de princesse. Une mantille noire, en dentelles, sur ses épaules magnifiques, déploie ses ailes ( L ). Elle porte sa petite couronne de madone du 12ème siècle. Cette robe, il avait dû la lui offrir, outre-mer, par email, pour se garder ses faveurs courroucées. Elle était à l’étranger, espérant ne plus revenir, lorsqu’il lui annonça la mort brusque de son père en France : «Vendredi, par email, j’ai appris la mort de mon père. Je suis allé voir ma mère depuis l’aéroport.» Et de conclure, amer : « Si tu veux faire rire Dieu, parle-lui de tes projets. » Son père, d'origine juive et déporté pendant la guerre, venait, après des années d'acharnement et de mémoire, d'intenter un proc

La légende des Anges

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Elle appelait Sans voix Dans le cyberspace Sans toi Les anges se tiennent là Dit-il Messagers Des sphères Cent voies Sans traces D’un clic sans toit Les être-là de l'espace S'espacent L ou pas (Hommage à Michel Serres)

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Le monde en noir et blanc

La première fois

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La première, elle entra dans la chambre, le tirant par la main. Elle jeta un regard agacé sur ces rideaux mal jointifs qui laissaient passer le jour. Elle n’était pas venue là pour lui offrir le spectacle de son désir, de son plaisir. Et surtout pas pour lui offrir le plaisir de jouir de son corps à elle, ni à son cerveau le fat triomphe de sa jouissance à elle. Elle ne pouvait se le cacher : elle venait bien pour jouir de lui, mais son regard ! ce regard narquois ! Non, elle ne pouvait le faire payer, puisqu’il ne lui avait rien demandé. Ni bien sûr le payer, elle : il ne savait que trop bien l’empilement des oppressions qui pesaient sur elle et qui le laisseraient toujours en dette vis-à-vis d’elle. Quoi qu’il lui offre, quoi qu’elle lui offre, quoi qu’il en dise ou feigne de croire, la plus intime union ne les ferait pas égaux. (Seule peut-être la lecture alternée d’un poème… mais une autre fois. Ou après). Elle était Belge et lui Français, inconnue et lui connu, précaire et lui no

la mémoire

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La mémoire et son cortège d’oublis Sa cohorte de ressemblances .... Battements de cœur Battements d’espace Battements sonores Et silencieux Du cyberspace Toutes les mémoires Toutes les histoires Des vivants et des morts Tous les appels Universels Et leurs traces Leur infime résonance Hyper texte Toutes les voix la même voie Circonstances de l’anti-réel Réel bien fictif Vois Textualité conforme Au rêve de l’homme Et de la femme Tina Noiret

Sur un paysage d'Ana Juste

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Paysage imaginaire Femme arbre à brûler Un arbre à crier de flammes Quand le vert vire au rouge Sans crier gare Orage orange Les mots sont des couleurs Mon tronc est un corps éternel Et mes racines invisibles semblables à mon feuillage virtuel de feux de vents de sortilèges Arbre flamboyant de visions Phénix sans cesse renaissant Femme Puissance Ce visage d’éclats rouges quand nous étions deux ou dieux à nous confondre Je m’en souviens Oui, je m’en souviens …

Porto Alegre

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Les rêves sont des plantes qui gravissent les pierres, les rêves sont des rivières qui coulent le long de la peau, les rêves font naître un soleil là où il n’y avait rien Les rêves sont des mirages qui recréent un visage Apprivoisent les corps, les rêves Rythme sauvage À reculons des rêves