Écrivain perdu dans la "EU Bubble"

Certains se demandent pourquoi un blog littéraire s’égare soudain et par intermittences dans les couloirs feutrés de la politique européenne, pourquoi parmi les livres et les fictions surgissent des photos d’événements, de conférences, d’hémicycles. La raison est simple : avant d’être un écrivain qui observe, j’ai longtemps été une ombre qui circule dans les labyrinthes du Parlement européen et des institutions européennes.

On disait de moi que j’en étais « l’âme » — une expression qui me faisait sourire, très certainement exagérée, mais qui traduisait peut-être cette qualité qui me caractérise, l'intégrité, mêlée à cette manière silencieuse que j’avais d’écouter les débats, d’absorber l’atmosphère, de coller aux bâtiments, de capter les fragments de vies et d’idées qui se croisent et se recroisent là-bas. Car Bruxelles, quand on la regarde autrement, n’est pas une bulle : c’est une fiction gigantesque en train de s’écrire, avec ses protagonistes, ses drames, ses chapitres inachevés.

Aujourd’hui encore, j’erre dans ces couloirs européens comme on traverse un roman que l’on connaît par cœur, mais où chaque relecture révèle un détail nouveau, une révélation. Je cherche à comprendre ce qui m'a échappé, ce qui manque, en quoi mon absence n'est pas un accident. Je suis à la fois dedans et dehors, témoin et étrangère, écrivain perdu, errant, mais jamais vraiment complètement disparue. Le système recycle tout et tout revient. Tout revient toujours à sa juste place par des voies mystérieuses. Je reviens où je suis, opérant un grand écart qui me ramène où je suis, au coeur du monde.

C’est peut-être pour cela que ces pages mêlent littérature et Europe : parce que l’une nourrit l’autre. Parce que les mots me suivent où que j’aille — même dans cette « EU bubble » où, parfois, je me surprends à chercher les lignes invisibles qui relient les êtres, les décisions, et la grande histoire que nous écrivons tous ensemble.

Je fais partie de cette histoire et ma petite vie personnelle jette sur l'ensemble un éclairage a posteriori. Il n'y a pas de hasards mais des schémas cachés. Il faut beaucoup de temps, une vie entière, pour tout analyser, dire jusqu'au bout, tout rassembler avant le grand voyage. Oeuvre de vérité, la fiction est un outil puissant de révélation.

Au coeur des choses, celle qui écrit révèle ce qui est, l'envers du décor.

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